Mal-aimé, je l'ai mal aimée

Écueil du mal-aimé, culpabilité bien fondée : je l’ai mal aimée.

Mal aimer, c’est trop aimer ; en tout cas aimer là où c’était proscrit, aimer envers et contre tout, envers moi-même, envers même elle.

M’aime-t-elle : oui, comme on aime quelqu’un en qui l’on a suffisamment confiance pour s’ouvrir à lui ; comme soumis seulement, comme accessoire simplement.

Était-ce suffisant : oui, si cela avait été quelqu’un d’autre que moi ; si je n'étais pas si bien mal-aimé ; si assez je m’aimais.

En elle je me suis renié, en elle j’ai perdu pied, au point de me noyer.

Sens dessus-dessous, tête à l’envers sur un cœur retourné, j’ai débordé, j’ai mal fait, j’ai bien raté. Saboter, cramer, saborder, gâcher, ruiner, massacrer, bousiller.

Je n’étais pas prêt : épris d'elle et trop près d'elle, j’ai fondu.

Peut-être même l’ai-je déçue, un risque nécessaire à ce que je suis : pas grand-chose, mais grâce à elle désormais un peu plus.

Pour elle, j’ai bravé mes dangers, et me suis finalement exposé. Pour elle, j’ai aimé sans réciprocité : un danger adossé au rêve.

Une poupée de porcelaine, de celles qu’on garde exposées en vitrine.

Ce sont en ces mots que je l’avais inspirée, le soir de notre première rencontre.

J'espère un jour être assez fort ; devenir une poupée avec laquelle on peut jouer sans la casser. Sans la briser.