BDSAIME
Patient soumis

Permanente infirmité que ce tropisme pour le néant, nostalgie d’avant ma naissance ;
Salvateur soin que cette attention à mon égard, invitation à ne plus exister.
Clinique des corps marqués, morgue des esprits qui ne le sont pas moins ;
Je m’enterre tout entier et m’aime comme au jour d’avant le premier jour.
Du lit le prisonnier, je me délecte du plaisir de ne pas avoir à en sortir ;
Ces sangles m’épargneront le constat de ne pas même m’en sentir l’énergie.
Blanches et épaisses couches de douceur viennent étouffer les idées noires ;
Morceaux de moi-même recollés, la fuite du Je ne m’est plus possible.
Que l’infirmière ne s’inquiète pas si son tendre infirme se met à pleurer ;
Assiette cassée jamais ne s’habituera à de si douces mains sur ses fêlures.
Pour son prévenant contrôle, son complaisant traitement ;
Le patient soumis attend fébrilement le retour de sa sauveuse impermanente.