BDSAIME
Maîtresse Blanche et Clara
Ces derniers mois avec Maîtresse Blanche ont été témoins d'importants changements, et de très grandes expériences vécues. Au programme : 116 aiguilles plantées dans mon dos, une momification d'un genre extrême, et un nouveau prénom pour moi, dont je ne pourrais être plus fier.

• Succincte introduction
Cela fait un moment que je n’ai pas écrit un peu ici, pour mon blog. J’ai eu une année très intense avec la poursuite d’un objectif déterminé, qui n’a pas été atteint. Je repars donc pour une autre année toute aussi stressante, avec le même objectif en tête.
J’ai malgré tout eu l’occasion de vivre d’autres moments précieux avec Maîtresse Blanche, avec qui ma relation d’appartenance ne cesse de se développer depuis l’été 2022. Elle m’a même fait l’honneur de vouloir de moi la création d’un compte FetLife dédié à notre relation, et m’a renommé pour l’occasion : Clara. J’en suis encore tout troublé à la rédaction de cet article ! J’y vois une forme d’officialisation, de palier franchi, qui me retourne tout entier. Je suis très sensible aux émanations tangibles d’une relation : cela me rassure. J'y reviendrai en fin d'article.

Avant le début sa phase travaux (pour son nouveau lieu !) et le commencement de ma période plus de vie du tout ayant précédée l’été 2023, Maîtresse Blanche m’a fait l’honneur de me prendre pour toile humaine dans deux chapitres différents : aiguilles pour le premier ; momification à la cire pour le second, des chapitres sur lesquels je veux revenir également.
Deux challenges différents, deux expériences mémorables dans mon univers érotique, certes aux mécanismes bien distincts. La maîtrise nécessaire de mes émotions et une grande dévotion dans le premier cas, là où les aiguilles n’avaient jamais été une envie chez moi. Quant à la momification, le sentiment de totale incapacité physique, d’une contrainte à la fois omniprésente et confortable, ce qui est l’un des points cardinaux de mon univers de soumission et masochisme. Une momification au cellophane noir cependant marquée par une nouveauté d’ampleur : une enveloppe de cire chaude par dessus le tout.
I - Les cent-seize aiguilles

Je n’ai jamais été attiré par les aiguilles, voire rebuté par elles. Le sang, les trucs pointus qui pénètrent dans ma chair, ce n’est a priori pas pour moi. Je n’y étais même pas « ouvert », ni curieux. J’avoue ne plus savoir de quelle manière Maîtresse Blanche me l’a proposé, mais je sais que je n’ai pourtant pas hésité à accepter ce projet qu’elle avait avec moi.
Mon envie de plaire, de lui plaire, était au centre de mon acceptation. Un accord tout de même lucide et raisonné ; je n’accepte que ce que je pense malgré tout pouvoir tenir, au moins un minimum. Par ailleurs, je ne peux nier mon goût pour l’extrême, pour mes propres limites et frontières.

Le fait d’être cobaye de Maîtresse Blanche a été très important dans mon acceptation. Je nourris des sentiments pour elle, de ceux qu’on contemple parfois trop, de ceux qui entravent notre liberté par la force des choses et leur intensité. De ceux, aussi, qui rythment un pan d’une vie, qui font danser notre intérieur et font s’accélérer le plus vital de nos organes.
En cela, accepter de me faire planter des aiguilles dans le corps par Maîtresse Blanche était, aussi et avant tout, accepter de vivre un moment fort avec elle. Ce lien avec elle était le cœur de ma motivation. Je ne pense pas que j’aurais accepté une telle pratique avec une autre dominatrice, même expérimentée et en qui j’ai confiance en tant que femme et pratiquante, pour qui je n’aurais pas de sentiments aussi passionnés, avec qui il n’y a pas de relation aussi forte. Pas pour cette pratique.
• Avant les aiguilles
Jusqu’au pas de sa porte, je ne me sentais pas très différent des précédentes fois, ni même des suivantes. Je prends le transilien, puis marche une vingtaine de minutes pour me rendre jusqu’à chez elle, tout à la fois excité et stressé, mon état s’empirant à mesure que le nombre de pas me séparant d’elle se rapproche du zéro.
Elle m’ouvre sa porte et je la découvre ce jour-là avec un visage, un sourire des plus amusés. Elle rit, même. J’adore voir de telles émotions en elle : je me sens sa poupée submergée de tout. Plus elle semble s’amuser de moi et avec moi, plus je deviens inapte à tout ! Je disparais, aspiré par le trou noir de mes sentiments. Ce jour-là, je m’étais coiffé juste devant chez elle d’un serre-tête de renne de noël, pour fêter avec elle la période de l’année dans laquelle nous étions. Elle a beaucoup ri de moi.

Je suis assis sur le sol, et elle me surplombe alors que nous discutons un peu de l’épreuve à venir. Elle me donne quelques consignes, des guides, cela me rassure. Je finis habillé d’un Zentaï noir, et d’un bonnet de bébé, en prévision des prises de vue.
Pour une telle épreuve, j’espérais secrètement être bâillonné - cela ayant toujours un effet rassurant, confortant et en même temps très asservissant sur moi. J’ai donc tendance à croire que cela me rend les épreuves difficiles plus accessibles. Mais il n’en fut rien, peut-être souhaitait-elle pouvoir communiquer avec moi facilement ce jour-là. Pour autant, même lorsque ma bouche reste libre, je n’aime pas faire usage de mots quand je suis dans le feu de l’action soumise avec elle, et je crois avoir observé qu’elle-même me préfère ainsi. Maîtresse Blanche est la seule de nous deux à s’attribuer le luxe de s’exprimer par des mots.
Elle m’avait en revanche attaché à une petite chaise avec des sangles restreignant mes membres et mon tronc. Cette contrainte physique m’a beaucoup soulagé, sur la base des mêmes mécanismes que ceux évoqués ci-haut. Je pense que chaque seconde passé sous ses doigts piquants m’aurait été bien plus pénible, difficile, sans cette béquille mentale que représente le fait d’être ainsi contraint par ses soins.

• Pendant les aiguilles
Je n’avais jamais été confronté à la moindre aiguille dans ma vie dans le cadre d’une pratique SM, et Maîtresse Blanche, pour ce baptême, m’en a planté 116 dans le dos ! Cent-seize aiguilles qu’il lui a fallu faire entrer et sortir de part et d’autre de ma peau pour chacune d’elle, donc deux-cent-trente-deux piqûres ! Et cela, sans compter évidemment le moment où il a fallu les retirer. Quelle première pour moi.
- Les cinq premières aiguilles
Dans les règles de l’art, d’hygiène et de sécurité, Maîtresse Blanche me transperce une première fois : me voilà baptisé. J’ai cru un moment que l’aiguille avait touché l’organe sur la gauche de ma poitrine, mais non. C’était juste elle, rien d’inhabituel. S’agissant du motif entamé, elle m’avait annoncé quelques minutes plus tôt qu’elle comptait dessiner sur mon dos un bonhomme dans un style purement enfantin.
Les premières aiguilles rentrent une par une, délicatement. Je ressens la douleur, qui reste supportable, dans le sens où je m’attendais à pire. La difficulté se trouve surtout dans la gestion de mes émotions, notamment s’agissant de l’anticipation systématiquement des micros-déchirements de ma chair, et ce plusieurs fois par minutes. L’endurance mentale, plus que physique, est à mon sens le cœur du réacteur en cette matière métallique aiguisée.
Pour supporter ces agressions, ces atteintes multiples à mon corps et ma psyché, il me fallait donc grandement me concentrer, donner de ma personne, me donner tout entier. Je me suis senti émotionnellement très fébrile pendant cette séance : l’appréhension des jours précédents, la nouveauté, le choc pour ma chair, le choc pour ma tête... C’était beaucoup. Ma confiance envers Maîtresse Blanche et mon envie profonde de lui plaire, de lui montrer que je pouvais faire l’affaire, que je pouvais être son soumis, m’a porté.
- Les encouragements de Maîtresse Blanche

La femme à qui j’ai offert ma soumission m’a d’ailleurs à quelques reprises explicitement encouragé, soutenu, par des mots précautionneusement choisis. Quel grand bien cela me faisait. Je n’entretiens à ce jour aucune addiction dont je sois conscient, mise à part celle de la mélancolie. L’addiction à ses paroles de réconfort me guetterait de très près elle aussi, si Maîtresse Blanche ne savait si habilement les distiller.
De manière régulière, elle nous autorisait quelques pauses, afin de prendre des photos de cette scène qui était par ailleurs filmée. Elle posait ses mains sur moi, ma tête, mon corps, enroula son bras autour de mon cou, parfois, pour prendre la pause. Cela ne m’étonna pas, sur le moment, que mes premières érections se déclenchèrent à l’occasion de ces instants. Si je supporte mal, instinctivement, le contact physique avec autrui dans mon quotidien (bien qu’ayant appris à très bien faire illusion), celui avec ma Maîtresse fait de moi un homme troublé, voire intimement heureux, comme si j’obtenais malgré moi ce que je considérais ne pas mériter. La complexe sensation perçue d’une tendresse mêlée d’humiliation que j’ai développé vers la fin de mon précédent article, Soumis en voyage.
Ces encouragements, ainsi que ces différentes pauses-photos, m’ont permis de tenir le coup sur la durée, pour cette première, et ces cent-seize aiguilles plantées dans mon dos.
- État second de concentration et léger craquage

Parallèlement à cela, j’entrais moi-même, passé la moitié de la construction du motif dans mon dos, dans une seconde phase de concentration. Une sorte de mode Super Saiyen ! L’entrée de chacune des aiguilles sous mon épiderme me faisait alors moins mal, le temps passait plus vite, et j’avais l’impression (l’impression seulement) que je pouvais tenir encore des heures comme cela. Cet état de grâce n’aura pas duré plus de vingt minutes sans doute, mais c’est toujours une expérience vivifiante. Le contrecoup de cet important effet psychologique ne tarda pas à venir, alors que Maîtresse Blanche approchait de la fin de son petit bonhomme.
En effet, je me suis mis à faire de petits mouvements de va et vient avec mon buste, toujours attaché sur la chaise. Le signe sans doute que, non, je ne pouvais pas tenir encore des heures comme cela, soumis à une telle pression psychologique et physique. C’est Maîtresse Blanche qui m’a fait remarquer mon mouvement mécanique, je ne m’en étais pas aperçu moi-même ! Là encore, sans doute ce manque criant de lucidité était l’émanation de l’énorme chantier que ce jeu d’aiguilles avait provoqué en moi. La fatigue mentale était présente, j’arrivais au bout de mes ressources.
Fort heureusement, Maîtresse Blanche était, quant à elle, arrivée au bout de son projet sur moi.
- La fierté d’avoir répondu à ses attentes, et même les avoir dépassées
Le dessin a donc été achevé, et j’étais terriblement fier de moi, je dois bien le reconnaître. Mon infirmière du jour, elle-même, m’avait avoué plus tôt au cours de la séance qu’elle s’était préparée en amont au fait que je pouvais éventuellement craquer assez vite, et ne pas lui permettre de finir son motif. J’ai apprécié son honnêteté à mon égard, et cela m’avait d’autant plus motivé à tenir jusqu’au bout !
Par ailleurs, cette petite révélation de sa part (qu’elle s’était empressée de nuancer, ne connaissant que trop bien ma pente naturelle pour les nœuds de cerveau et l’interprétation de chaque mot), m’a fait prendre conscience de quelque chose de central dans ma relation avec elle, et ses attentes. Jusqu’à cet instant, j’étais dans l’erreur (classique chez les jeunes âmes) de croire que tout couac, tout projet avec moi non terminé, toute faiblesse de ma part, ferait de moi un mauvais soumis, et en tout cas un soumis décevant, à tout le moins pour la séance concernée. Pareille faiblesse serait donc inenvisageable pour moi.

De toute évidence, il n’en était rien, et cette vision que j’avais de ses attentes en tant que Maîtresse était sans doute simplement gangrénée par mon perfectionnisme envahissant, et mes propres doutes. J’ai veillé, sur le moment, à garder tout cela pour moi, et lui afficher une réaction la plus simple du monde, comme si tout cela évident – ce n’était pas le moment pour autre chose que les aiguilles et les acquiescements.
Mais, sans l’ombre d’un doute, le fait qu’elle m’ait donc dit avec le sourire, avec une totale décontraction, qu’elle ne pensait peut-être pas que je tiendrais aussi longtemps et qu’elle s’y était préparée, m’a permis de prendre conscience de manière bien concrète que les attentes qu’elle avait de moi en tant que soumis n’étaient pas celles que je pensais. Je crois qu’elle ne me veut pas parfait, mais qu’elle me veut juste impliqué, respectueux. Cela m’a touché, et m’a aidé par la suite dans notre relation.
• Après les aiguilles, le spectaculaire "sub-drop"
Il a fallu après cela peut-être encore vingt minutes pour retirer les aiguilles de mon dos. Déjà, à ce moment-là, je supportais beaucoup moins ces petites douleurs, tout était plus pénible, je me sentais très fragile, sur la brèche.
Cœur à vif et toutes aiguilles retirées, j’ai connu un sub-drop très intense, dont j’ai plaisir à me souvenir aujourd’hui. Après mon durable pic physique et émotionnel m’ayant permis de si bien supporter ce défi, c’était le logique contrecoup.

Mes tremblements avaient commencé lorsque j’étais encore assis sur la chaise, Maîtresse Blanche occupée à retirer les aiguilles. J’avais froid, très froid, malgré mon Zentaï. Mais tout a pris une dimension différente lorsque j’ai finalement pu rejoindre mon élément naturel dans pareil cas – le sol.
Allongé à terre, aux bottes de Maîtresse Blanche, je tremble beaucoup plus. Ce ne sont plus des millimètres qui bousculent mes muscles, mais bien des centimètres. Dans le même temps, des sueurs froides prennent le meilleur sur moi. Psychologiquement, je n’y suis plus, non plus, et c’était fort agréable : je ne réfléchissais plus, je ne faisais que ressentir. Un lâcher-prise physique et mental, de ceux qu’on ne maîtrise pas et qui peuvent faire peur lorsqu’on manque d’expérience. Je relâchais mécaniquement et malgré moi quelques râles, gémissements, le cri du vaincu, la mise en garde du mourant. L’appel du vulnérable, rêvant protection.

Quelques larmes silencieuses et passées inaperçues sont même venues lacérer mes joues rougies par l’effort. Je tenais les cuissardes de Maitresse Blanche de mes mains tremblantes, et y faisait échouer mon visage submergé de tout. C’était elle qui m’avait fait tout ce mal, je ne pouvais donc que l’aimer d’autant plus.
J’aurais aimé rester brisé, à ses pieds, dix minutes supplémentaires. Profiter un peu plus de ce cimetière du vivant. Cet instant m’a paru si court. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, y compris la sensation d’être à l’aube de la mort, dans la tranquillité d’âme d’une agitation du corps.
J’ai vécu ce jour-là plusieurs heures exceptionnelles, de celles dont le souvenir de la seule mélodie suffit à donner sens à un semblant de vie. Une chance.
II – Momification à la cire

• Mon fétichisme pour les adhésifs et genèse du projet
Je n’en fais pas un secret, le fait d’être attaché (au sens large du terme, englobant donc toute forme de contrainte physique jusqu’à l’immobilisation) fait partie des pratiques qui me passionnent le plus. Plus que cela encore, j'en suis troublé. Cela provoque chez moi une réaction immédiate au niveau de la ceinture, mais me tranquillise aussi beaucoup psychologiquement, tout en développant en moi un très fort sentiment d'asservissement.
A ce titre, Maîtresse Blanche avait laissé son empreinte dans mon vécu érotique à l’été 2020, où j’avais découvert grâce à elle les sangles Ségufix sur son lit d’hôpital. J’avais en effet connu une immobilisation complète et confortable, mais aussi plus humiliante que la moyenne dans mes expériences passées, en cela que ma position sur le lit, allongé sur le dos, membres étendus et plaqués au matelas, me donnait l’impression d’être « offert », et particulièrement vulnérable. Cela reste un souvenir très fort sur lequel je fantasme beaucoup.
J’ai par ailleurs de multiples fétichismes, les adhésifs en faisant partie, là encore, au sens large, incluant donc en partie le cellophane. La vue, le bruit et le toucher ne me laissent pas indifférent. Dans ce domaine-là, j’ai aussi (et comme souvent) un attachement particulier pour la superposition de couches d'adhésif – chaque couche supplémentaire étant toujours plus humiliante et contrôlante, mais aussi porteuse d’attention.

Mon obsession relative pour les adhésifs est aussi, je le remarque, liée à ma passion pour le fait d’être bâillonné, une sensation qui me parle au plus profond de mon âme. Chaque fois que j’envisage un adhésif dans un contexte pour moi érotique, c’est la vision de ma bouche et toute la partie basse de mon visage complètement maîtrisée sous de multiples couches d’adhésifs qui me vient en premier à l’esprit. Des gémissements étouffés sont alors tout ce qu’il me reste.
Je me souviens encore de l’endroit où j’étais lorsque je reçus en fin d’après-midi un message de Maîtresse Blanche, me joignant une photo d’une tête recouverte de cire, et me demandant si j’étais capable de supporter cela. Je réponds par la positive, par ailleurs enchanté de comprendre qu’elle pouvait parfois penser à moi en mon absence et prévoir des envies particulières pour nous deux !
Elle ne m’avait fourni aucun détail à ce stade, mais j’avais pu comprendre que je serai momifié ! Sans savoir cependant avec quel type de matériel : adhésif (duct tape) ou plutôt cellophane ?
Toujours est-il que cette fin d’après-midi-là, après la lecture de son message, il m’a fallu naviguer dans les couloirs du bâtiment dans lequel je me trouvais en prenant garde à ce que les gens que je croisais ne remarquent pas la bosse bien visible sous mon pantalon.
• Bzzz ! Électrodes posées !

Le jour que j’avais tant anticipé était arrivé, et me voilà de nouveau avec Maîtresse Blanche, tout troublé et impressionné, comme toujours. Je découvre alors rapidement que la momification qui précèdera la couche de cire chaude sera opérée au moyen de cellophane noir.
Mais la découverte la plus surprenante est de loin celle des électrodes ! Maîtresse Blanche prévoit en effet d’en disposer à différents endroits sur mon corps, qu’elle pourra ensuite activer à sa guise lorsque je serai momifié et complètement impuissant.
Après la pose minutieuse de ces malicieux perturbateurs électriques, Maîtresse Blanche doit procéder à la plus grande partie de la momification alors que je suis toujours debout. Son expérience parle ! Je me fais quelque peu corriger, parce que je ne peux malheureusement pas m’empêcher d’arborer une érection soudaine dès le commencement du procédé, et cela ne l’arrangeait pas dans sa liberté de mouvement.
Cette phase de construction dans une momification (comme de toute immobilisation poussée de manière générale) est toujours très forte de sens pour moi, et même chargée émotionnellement. Je pourrais aller jusqu’à dire qu’il s’agit de l’un de mes moments préférés, dans lequel j’apprécie particulièrement me retrouver seul, en intimité avec ma Maîtresse, et ne faire que subir, supporter, recevoir. Bien que contraint et humilié, je me sens objet d’affection, de son affection.
• Momifié et étouffé : retour sur un rêve éveillé
Momifié du tronc aux genoux, Maîtresse Blanche me fait ensuite aller tant bien que mal sur la large table d’examen, sur laquelle je me retrouve allongé. Elle peaufine alors la momification, de la tête aux pieds. Sans surprise, le moment où elle s’est employée à recouvrir mon visage fut mon préféré de tous.

Pour cette fois-ci cependant, je n’aurais pas l'occasion de vivre une momification qui recouvre et condamne parfaitement ma bouche, orifice de mes souffrances et cimetière de mes souvenirs les plus douloureux. Maîtresse Blanche me place un petit tuyau en plastique dans la bouche avant de me momifier le visage autour de cet appendice de plastique, me permettant de respirer par voie orale, alors que mes narines seront, elles, entièrement recouvertes. C'était une première pour moi.
Par ailleurs, je ne peux cacher le plaisir éprouvé, en tant que soumis, dans le soin qu’elle a apporté à la momification de la partie basse des jambes et de mes pieds. Elle ne laisse rien au hasard, Maîtresse Blanche se veut avoir le sens du détail. Je ne peux me sentir rien d’autre que piégé, que soumis, et même asservi, lorsqu’elle m’accule psychologiquement de cette façon.
J’y étais, je me trouvais désormais parfaitement momifié des mains de Maîtresse Blanche, de ce cellophane noir profond, qui me donne pourtant bien meilleure mine à mes yeux.
Maîtresse Blanche s’approche alors de moi – je ne pouvais la voir, mais la ressentir, oui. Je constate un silence, une fêlure dans le temps, puis, soudain, de la panique. Elle avait posé son doigt sur l’extrémité du tuyau, mon seul apport en oxygène. Je ne respire plus, et je n’aurais pu y faire quoi que ce soit, même si les pires souffrances, même si ma vie en dépendait. J’avais dépassé le stade de la vulnérabilité : je n’étais plus – et, diantre, je ne m’aime jamais plus que dans ces instants-là.

Je ne respire toujours pas.
Deux secondes se sont écoulées depuis que Maîtresse Blanche, sans crier gare, m’a privé de mon seul apport en oxygène. Le temps s’écoule lentement, et en même temps j’aimerais que cet instant dure à jamais. Tant pis pour les conséquences. Mon corps émet cependant des signaux contradictoires à cet instinct morbide : je ressens de légères convulsions interne, ma gorge s’agite, se débat.
« Pitié ! Pitié ! Arrêtez cela, je vous en supplie ! ». Ce sont en ces mots que, encore privé de vie gazeuse, j’aurais aimé m’exprimer à elle, si je l’avais pu. Bien entendu, je ne trompe personne, en tout cas pas elle : ces mots n’auraient été là que pour accentuer ma passion brûlante pour elle à cet instant précis, mais jamais je n’aurais voulu qu’elle retire son doigt. Certes, les secondes se faisaient de plus en plus lourdes, alors que nous venions peut-être d’entamer la quatrième d’entre elles. Mais plus lourdes ces secondes étaient, plus je me sentais pris, épris, même. Je ne voulais rien d’autre que me faire piétiner, écraser, annihiler par son contrôle sur moi, par son sadisme tout sauf aveugle.
Elle avait le pouvoir de vie et de mort sur moi. Mais je lui fais confiance, parce que je ne m’aime jamais autant que dans mes gémissements étouffés pour elle. Si je ne peux pas croire en cela, alors je deviens un homme qui ne croit plus en rien.

Ces cinq ou six secondes ont été parmi les plus intenses de ma vie. Ce qui m’a le plus flatté a été de constater qu’elle s’est permis ce mouvement audacieux sans le moindre avertissement préalable. J’ai aimé le sentiment de surprise autant que la confiance qu’elle ressent probablement avec moi pour se l’être elle-même permise.
Elle savait qu’une telle décision serait très bien accueillie par son soumis, sans l’ombre d’un traumatisme, ni même d’un doute. Je la remercie pour cela.
• Momifié des heures durant
Je suis resté un certain temps momifié, sans pouvoir chiffrer ce ressenti. Je sais que la totalité de cette expérience a duré cinq heures environ. (En incluant la préparation jusqu’à la libération de l’enveloppe de cire à venir).
Maîtresse Blanche devait vaquer à d’autres occupations, notamment à la préparation de la cire, qui lui demandera plus de temps qu’elle ne l’avait prévu. J’étais donc le plus souvent seul dans la pièce, à l’exception des moments où elle venait contrôler brièvement que tout allait bien. Chaussée de ses bottes, je pouvais l’entendre venir de loin.

Isolé, empaqueté, j’ai tant aimé tenter me débattre, m’agiter difficilement, avec la systématique finalité de constater que je ne pouvais rien faire, que j’étais battu. Pourtant, je me sentais bien, apaisé, sécurisé, voire protéger. La souplesse d’une une bûche, et pourtant si léger. Maîtresse Blanche m’avait capturé et transformé en une chose informe au point de me sentir réifié. Je n’étais pas seulement bien, j’étais heureux.
Heureux, parce que maîtrisé, parce que invisibilisé et approprié. J’étais sien. Chose clouée où elle l’avait décidé, je me sentais pourtant l’âme plus libre qu’à l’habitude, et ce, sans même avoir besoin de me perdre dans les méandres de mes pensées mélancoliques, un espace-temps duquel je ne ressors jamais complètement indemne pour le reste de ma journée. Capturé et gardé par Maîtresse Blanche, j’étais à la fois libre et enthousiaste – sentiment rare en moi.
Momifié, j’ai beaucoup pensé à elle. Elle occupait mon esprit la grande majorité de mon temps de chose. Je cherchais aussi à prendre conscience de la chance que j’avais de vivre cet instant-là, avec elle. Je me suis repassé le cours de notre petite histoire, une nouvelle qui, je l’espère, deviendra roman. J’ai commencé par la soirée où je l’avais rencontrée, entouré de Mistress Elis Euryale et deux autres clients, puis la nuit qui avait suivi, les journées et les semaines. L’honnêteté m’oblige à préciser que je me demande bien parfois ce qui m’a valu d’entrer ainsi dans ses bonnes grâces. C’est la question sans fin, c’est pourquoi je ne cherche pas à y répondre, et encore moins à interroger la première concernée. A quoi bon : la réponse, si elle pouvait être, me hanterait à jamais.
Laisser mes pensées se faire ligoter par Maîtresse Blanche, mon corps confortablement immobilisé par la vedette de mon univers érotique. Existe-t-il meilleur remède à ma vie ?
• Les électrodes
Alors que la cire était toujours en préparation, Maîtresse Blanche me fait l’honneur de tester les électrodes qu’elle avait disposées sur moi préalablement à la momification.

Elle m’avait averti que l’un des quatre jeux d’électrodes ne fonctionnait plus, et le temps était donc venu de les tester pour trouver l’intrus... Verdict : il s’agissait des électrodes situées au niveau de mon entrejambe. J’ai été chanceux !
Maîtresse Blanche lance l’attaque électrique sur moi, pouvant par ailleurs moduler l’intensité des décharges avec sa télécommande. Les niveaux en-dessous du niveau maximum sont tout à fait supportables, mais ce dernier se fait quant à lui bien ressentir, et voilà que mes fesses dansent et s’agitent au rythme de la pression électrique et de mes râles coordonnés.
C’est une expérience particulièrement plaisante que de se retrouver victime de décharges électriques tout en étant parfaitement sans défense, solidement confiné dans une momification de cellophane. Le sentiment d’impuissance n’en est que décuplé. Je me faisais agresser, torturer, par une Maîtresse Blanche joueuse et enthousiaste. Mes quelques réactions incontrôlées, en rythme, en réponse aux plus lourdes stimulations électriques, la faisaient rire. J’aime tant son sadisme et sa perversité, j’adore être son objet, son jouet privé de volonté propre. Là-dessus, rien de nouveau, il est vrai.
• Pose de la cire chaude, froid sarcophage

La cire est prête à être appliquée sur mon enveloppe de cellophane. Maîtresse Blanche me demande de garder les yeux fermés, alors qu’elle ouvre très succinctement mon masque de cellophane au niveau de mes yeux pour y placer du coton, avant d’envelopper de nouveau le tout. Je dois l’avouer, quand bien même serait-ce peu conventionnel : cela a été l’un de mes moments préférés. Je ne me sens pas fétichiste du coton, pourtant. En revanche, du blanc immaculé des produits d’hygiène, déjà beaucoup plus. Par ailleurs, ressentir cette douce épaisseur comprimée entre ma peau et le cellophane était une expérience physiquement très excitante pour moi. Cette compression que je pouvais désormais ressentir au niveau des mes yeux fermés avait encore amplifié ma sensation de confinement.
Cette protection oculaire alors en place, Maîtresse Blanche commence à me verser la cire chaude sur le tronc, protégé par mon paradis de plastique noir. Je sens certes une forte chaleur, mais cela ne brûle pas. Toujours méticuleuse, elle se sert d’une spatule – je crois, pour les finitions.
Elle terminera par le visage, un moment de légère appréhension pour moi, je le reconnais, mais tout ce sera passé aussi bien que pour mon corps !
La sensation de chaleur est agréable. Mais, très vite, la cire durcit, évidemment. Cette impressionnante couche de cire sur l’intégralité de ma momification m’a offert une expérience alors tout à fait inédite.

Je ne pourrai que peiner à tenter de décrire exactement l’effet de la momification à la cire. Lorsque cette dernière refroidit, c’est un tout nouveau type d’immobilisation qui fait jour. Un véritable sarcophage taillé sur mesure. Là où la momification classique laisse toujours quelques millimètres d’élasticité, ne serait-ce qu’un seul (et c’est aussi cela qui est plaisant !), la carapace de cire tend à se rapprocher de la sensation qu’offre le vacuum bed (mais avec une plus importante pression physique ressentie).
L’expérience était maintenant menée à son terme, la chose que j’étais était terminée. Je me suis délecté des minutes qui ont suivi, une expérience intellectuelle et psychologique saisissante. Il y avait tout de même une part de défi non négligeable. Je trouve la respiration buccale moins instinctive que la nasale, il me fallait donc parfois gérer et me concentrer pleinement pour rester calme. Il est facile de céder à la panique en restant des heures entières momifié. Mon sarcophage de cire a accentué ce défi, en cela que l’importante pression physique omniprésente qu’elle opérait sur moi pouvait être angoissante.
J’ai aimé ce défi, et mêmes ces sensations. Dans des moments si extrêmes, je n’ai pas le luxe de m’abandonner, pas cette fois.
C’était par ailleurs le moment idéal pour Maîtresse Blanche de me torturer de nouveau avec les électrodes. C’était encore mieux que la fois précédente ! La cire m’empêchait de gigoter au rythme des décharges malicieuses, et cela amusait ma tortionnaire. Les sensations elles-mêmes étaient vivifiées par mon impossibilité plus que totale de bouger.
Enfin ! Je n’étais plus rien. Finalement, libéré de moi-même.
Parce que je n'avais plus du tout la possibilité d'extérioriser physiquement ces décharges électriques reçues, mes râles et gémissements s'en sont trouvées démultipliées. Cela a beaucoup amusé Maîtresse Blanche je crois, qui s'est employée à tester le "son" de chacune des électrodes positionnées sous le cellophane, sous la cire, sous mon aura de béatitude.
Ce concerto d'électrodes qui s'ajoutait à une momification aussi poussée n'était pas que la cerise sur la gâteau, mais bien plus. Qu'elle ait pu penser à coupler les deux en dit beaucoup, selon moi, sur sa créativité en tant que dominatrice. Souffrir aux mains de Maîtresse Blanche, dans une impuissance mécanique totale... Un souvenir que je recyclerais volontiers en éternelle finalité.
• La libération

La sortie de mon cocon infernal restera un souvenir important pour moi. Cela avait d’ailleurs fait rire Maîtresse Blanche. Après plusieurs heures d’immobilisation et de concentration intense, je me suis retrouvé tout tremblant, recroquevillé, peinant à actionner chacun de mes muscles, le tout trempé de sueur. Une sacrée créature que j’étais. Physiquement, le contraste devait donc être total en comparaison de mon état mental : absolument épuisé émotionnellement, certes, mais si heureux, si léger, si épanoui.
J’ai dû mettre par ailleurs plus de deux minutes complètes pour ouvrir convenablement mes yeux. La lumière m’aveuglait, et mes paupières refusaient d’obéir aux injonctions de mon cerveau.
Ce jour-là, j’ai vécu une expérience de momification rare et précieuse. Un concentré de bonheur à l’état pur.
III – Clara

Je l’ai évoqué en introduction de cet article, et je ne pouvais pas ne pas revenir dessus tant cela a marqué mes dernières semaines.
Maîtresse Blanche m’a attribué ce prénom : Clara, une naissance qui s’est accompagnée d’un compte FetLife dédié à ma relation avec elle. Je me sens fier et honoré, tout simplement. A tort ou à raison, je ne peux faire autrement que le vivre comme une forme d’accomplissement, de palier franchi. Je le confesse : pendant les dix premiers jours, je consultais mon propre profil quelques fois dans la journée sur mon téléphone, avec le regard perdu et un discret sourire un peu bête, je présume. J’ai même pris des captures d’écran, si jamais l’internet devait disparaître pour toujours. Il n’emportera pas mon profil avec lui !
Je me sens différent ; je me sens à elle, plus que jamais.
Je me sens tout neuf ; je me sens reconsidéré.
Je ne suis plus soumis à l’essai, je suis Clara ! Enchantée !
• D’homme soumis, je suis presque passé à accessoire
Je vois un petit côté humiliant dans le fait d’être ainsi renommé par un prénom que je n’ai pas choisi, et qui ne correspond pas à mon genre. Et je ne le cache pas, j’adore cela, cette subtile humiliation mêlée de bienveillante attention. Autant que le prénom en lui-même, qui fait écho à un cadeau que Maîtresse Blanche m’avait offert il y a quelques mois, et qui m’a plutôt marqué.

Maintenant que je suis Clara, je me sens donc accessoire, chose, un je ne sais trop quoi qui ne pourrait être défini sans sa valeur référence immuable : Maîtresse Blanche.
Je suis devenu chiffre, et elle est l’unité de mesure. Ainsi, Clara ne peut exister sans Maîtresse Blanche, et seul moi suis Clara. Pour autant, je ne suis pas que Clara !
Cette nouvelle naissance, en tout cas, me fait me sentir toujours plus à elle. Je ne saurais exprimer avec fidélité à quel point je me sens flatté. Elle me connaît que trop bien, aussi a-t-elle cependant voulu nuancer l’importance d’une telle nouveauté, mais aussi sa fenêtre temporelle. Je la crois. Je ne veux pas me dire qu'il existe un monde où cela aurait pu ne pas arriver et qu'il y en aurait eu des conclusions à tirer.
Toujours est-il que mon cœur s’emballe chaque fois un petit peu quand je la vois écrire ce prénom par message, ou lorsque je l’entends m’appeler ainsi à l’oral.
Je reçois ce prénom comme une marque d’affection, de tendresse, de considération et de confiance. Quatre mots qui sonnent creux dans mon passé, expliquant sans doute pourquoi ils tambourinent tant en cette fin d’article.
Mais le passé restera où il est, et j’espère vivre encore d’autres de ces grands moments avec ma Maîtresse dans le futur.
