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Soumis en voyage

Quatre mois après m'avoir annoncé faire de moi son soumis à l'essai, et trois mois après mon premier article à ce sujet, je tenais à m'exprimer sur l'évolution de cette relation avec Maîtresse Blanche, et mes expériences vécues à ses côtés. Un voyage, une exploration de sensations et sentiments nouveaux, à la petite échelle qu'est la mienne. Un article à la fois didactique et complètement épris de mes émotions dans le cadre de cette relation.



• Pensées introductives : découverte d’une simplicité

Le fait d’entrer dans une relation avec Maîtresse Blanche a changé l’approche de mes expériences en matière de soumission, en tout cas l’approche qui était la mienne ces quatre dernières années. Je ne me sens plus obligé de publier systématiquement au sujet d’un fort moment vécu. Parfois, je m’autorise à ressentir ce qui vient naturellement après la vague, à ressentir sans chercher à interpréter. Je dois dire que j’y trouve une forme de soulagement, de liberté.


Paradoxalement, je n’ai jamais eu autant matière à écrire. A dire vrai, je crois surtout que je n’aurais bien souvent pas les mots.


Quelques fois, elle m’a fait venir à ses pieds avant d’accueillir ses clients. L’une de ces fois, elle m’avait indiqué de lui apporter de quoi déjeuner. J’éprouvais cette étrange fierté de la voir manger ce que j’avais récupéré pour elle chez le traiteur. J’étais allongé sur le dos, sous sa chaise, et l’on discutait. Elle parlait plus que je ne le faisais, et cela m’allait si bien. J’ai toujours tant de choses à lui dire quand je suis loin d’elle, mais si peu me revient à l’esprit en sa présence : j’avoue être plutôt timide en face d’elle, je reste bête et hébété, avant que la spontanéité me revienne lorsqu’elle n’est plus là, où je rejoue alors certaines scènes dans ma tête, où j’ose lui parler comme je le ferais si elle n’était pas Maîtresse Blanche. J’aime tant l’écouter quand elle me parle d’elle, de sa vie, et suis flatté par la confiance qu’elle m’accorde. Sous elle, je me sentais à ma place, calme et apaisé.


Elle a fait reposer ses longues bottes blanches sur mon torse sans relever cette action ni même m’adresser un regard. C’était humiliant : j’ai tant aimé. Il y a de ces interactions dont le sens se densifie par le silence. Elle m’a obligé à manger la queue de ses crevettes, et se riait bien de mes réactions croquantes. J’étais, dans le fond, fier de l’amuser, quand bien même cela serait à mes dépens. A peine une heure s’était écoulée et je devais déjà la quitter. Une de ces heures donnant sens à beaucoup d’autres.


Sa seule présence fait de moi une petite chose ; une petite chose dont elle dispose. Elle m’a une fois regardé du haut de sa chaise, avec un petit sourire en coin - un air presque attendri dans le sombre de ses yeux, voire légèrement amusé. La manière dont l’on regarderait un frêle chiot fougueux mais boiteux. J’ai photographié cet instant et n’arrive pas à le chasser de mon esprit depuis, faudrait-il encore que je veuille essayer.


Cette simplicité, entendue dans le fait de simplement parvenir à profiter du moment présent sans me blottir dans mon propre esprit en parallèle, est plutôt nouvelle pour moi. Il y a bien, certes, des moments en sa présence où je réfléchis un peu et prend de la distance sur cette relation, où je me regarde à la troisième personne : je m’étonne encore d’un scénario aussi parfait. Je n’ai pas vraiment pu faire sortir Maîtresse Blanche de ma tête à partir du moment où je l’avais rencontrée à l’été 2019, et elle détient le titre de la personne sur qui j’ai le plus écrit en ce lieu. Trois ans après ce coup de fouet et avoir tant fantasmé, espéré, rêvé, elle me fait place de soumis à l’essai, auprès d’elle. J’ai l’impression d’être dans un livre.


Je pense désormais que je n’oublierai pas ce long mail dont je traitais dans le dernier article Soumis à l'essai, où elle m’exposait ses conditions dans un ton général officiel et engagé, presque solennel. Soumis à l’essai, fier comme un paon ; marqué pour longtemps.


Il arrive parfois que les choses fonctionnent ; si j’avais toujours tenu cet aphorisme pour vrai, je ne l’avais que trop rarement constaté personnellement.



• Douleur pour plaisir : un sentiment nouveau

J’avais toujours considéré mon masochisme comme uniquement psychologique (à des profondeurs me demandant parfois même un effort de gestion au quotidien), mais en rien physique. Ce masochisme intellectuel et psychologique, même dans le cadre du jeu, est réel : l’une de mes plus mémorables expériences, après coup, reste celle d’avoir craqué au premier degré, et fondu en larmes, de fatigue mentale et de panique, dans une très longue et intense expérience polonaise déjà contée ici.


Mais, au titre de la souffrance physique, je suis plus douillet et inexpérimenté. Quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver avec une belle érection, du seul fait de la douleur que Maîtresse Blanche m’imposait. Je ne m’en croyais pas capable – c’est une première, et une grande première à mon échelle ! Elle me torturait les tétons du bout de ses doigts élégants, et il faut croire que, une fois n’est pas coutume, je suis parvenu à pleinement me laisser aller dans cette douleur, cette sensation exigeante. Je me sentais fier et honoré de souffrir pour elle, avec elle.


Puis, plus tard dans la soirée, elle retourne à la pêche de mes tétons. Installée sur un fauteuil déjà témoin de nombreuses scènes osées, je me tiens à genoux devant elle, pectoraux offerts. Je laisse aller quelques râles inégaux – je chéris tant ces instants de spontanéité imposés. Bien plus que la douleur, j’ai retenu de cet instant ses commandements à me taire, ou à tout le moins baisser le volume. Je gesticule doucement, buste vers l’avant, au gré de mes légères souffrances, elle approche son visage du mien, nos joues se frôlent même – je voulais alors disparaître en elle, lui livrer tout mon corps et ses quelques disgracieuses cicatrices, fondre sur ses jambes. Je ne m’étais jamais retrouvé aussi proche de son visage, de son souffle, et cela ne m’a pas laissé indifférent.



En réponse à mes gémissements, elle berce mon oreille de « sshhhhhh » allongés et répétés, doux et pourtant anguleux, autoritaires. Elle s’exprimait ici avec une résolue fermeté et une mélodie péremptoire dans le fond de sa voix que je ne lui connais que peu – mais que j’adore, et qui m’impressionne jusqu’au bout des orteils. Comme l’impression qu’une violente gifle pouvait me foudroyer si je n’allais pas dans son sens à ce moment précis. Alors que la pression sur mes tétons s’intensifie, je modère le volume de mon tourne-disque du plaisir sans même y réfléchir, fortement intimidé par sa domination devenue psychologique sur moi, bien que seulement chuchotée, sûre de son autorité qu’elle est.


Ses onomatopées me restent en tête depuis, leur conviction était telle que j’avais cette impression de n’être vraiment rien pour elle, juste une chose – mais la sienne, une chose dont la volonté propre ne compte pas, qu’elle fait taire à sa guise. Cette impression-là me chamboulait, et me câlinait. C’était rabaissant d’être traité ainsi, et j’en garde donc un merveilleux souvenir.


Autant, ou presque, que lorsque qu’elle entreprend de me faire taire, physiquement, de ses mains ou de son bâillon.



• S’il vous plaît, qu’elle me fasse taire à jamais

Je crois que jamais Maîtresse Blanche ne m’apparaît plus puissante que lorsqu’elle contrôle la liberté de mon corps et ma fonction de parole, que ce soit de ses propres mains ou par l’usage d’accessoires dédiés.


- Bâillon et soulagement


Déjà abordé longuement dans Silence imposé, le fait d’être bâillonné me fascine hautement. S’agissant du bondage, le sentiment d’impuissance et en même temps de grande sécurité que cela m’apporte est à la base de toute ma fantasmagorie SM, et le bâillon le suit à la trace sur ce plan. Je pourrais rester des heures entières immobilisé confortablement de la tête aux pieds, et passer l’un des meilleurs moments de mon existence. Lors de ma première et bien trop rare momification, je me souviens même m’être légèrement endormi. Plus l’immobilisation est poussée, plus je suis réconforté, relaxé, libéré de moi-même. J’ai l’impression de quitter un peu le réel, chaque fois où je me retrouve physiquement contraint.


Attaché, je l’étais, sur le lit d’hôpital de Maîtresse Blanche – au niveau des jambes seulement, allongé sur le dos, jambes relevées et attachées en direction de la tête du lit. Elle m’avait passé une couche épaisse et douce, que je garde encore en souvenir depuis, j’étais son bébé docile et apaisé. Parce que je gémis trop à son goût (je l’avoue, j’aime me rendre audible !), elle quitte la pièce et revient avec un joli bâillon-tétine. Les secondes qui se sont écoulées entre le moment où je l’ai aperçu dans ses mains et le moment où elle me l’a finalement placé en bouche m’ont paru être une véritable éternité. Je brûlais d’envie et d’impatience. C’est finalement venu, d’un geste ferme et négligé de sa part, comme si ma volonté ne comptait pour rien – et je ne peux que lui donner raison.


Plus encore que le fait de me retrouver bâillonné, c’est le processus, les secondes où le bâillon m’est imposé dont je me délecte. Ce moment-là, je n’en ai pas perdu une seule miette. C’était en plus la première fois que j’étais confronté à ce type de bâillon, et je l’adore, en cela qu’il est très humiliant pour un adulte à qui l’on impose la régression, en plus d’être confortable.


A l’instant où je me suis retrouvé ainsi bâillonné à l’initiative de Maîtresse Blanche, où j’étais déchargé du poids de la communication élaborée et intelligible, un sentiment de soulagement, de confort encore plus important, s’est emparé de moi. J’étais bien, j’étais mieux, toujours mieux. Humiliation et réconfort s’entremêlent ici sans que je ne puisse clairement les distinguer. Être privé de la parole m’enlève une part de mon humanité et de mes acquis, et dans le même temps me berce si délicatement. Je pourrais écrire sans fin sur le sujet des bâillons et du fait d’être bâillonné, sans pour autant parvenir à totalement me faire comprendre et exposer à quel point cela me transporte. La magie des traumas avec lesquels l’on grandit.


En plus d’avoir abordé cette notion de bâillon plus longuement dans l’article Silence imposé, j’avais, plus tôt, exposé notamment mon fétichisme pour les rubans adhésifs et leur usage, entre autres, comme bâillon, dans l’article sur mes vidéos SM et Fetish préférées. Sans oublier les bâillons sous l’angle de mon fétichisme des foulards, avec mon petit article sur Scarfetish.com.


Mon amour pour cette sensation d’être bâillonné serait sans doute plus compréhensible si je me décidais à confier la raison bassement psychanalytique derrière tout cela, mais même derrière l’anonymat, je reste frileux à ce sujet. Tout comme au sujet même de certains de mes fétichismes, bien trop atypiques pour que je m'en ouvre avec aisance !


Ce n'est pas le cas en revanche de ma grande attirance pour le pratique dite du handsmothering, plutôt conventionnelle.



- Handsmother et perdition


C’est au cours d’un autre moment en sa compagnie que Maîtresse Blanche a réalisé, sans le savoir, une énième scène fantasmée depuis si longtemps avec elle – et elle en particulier. La paume de sa main recouvrant si fermement ma bouche. La sensation est différente qu’avec un bâillon, mais non moins intense : je ressens plus l’humiliation et l’emprise sur mon petit être. Je me suis repassé cet instant vécu avec elle des semaines durant.


Cette scène était la suivante : debout, mes bras se trouvent maintenus et bloqués dans mon dos par une personne, tandis qu’une deuxième femme me torture de chatouilles sur tout mon corps. Maîtresse Blanche se tenait juste devant moi et, je suppose, amusée devant mon impuissance. Très vite, elle décide cependant de me faire taire, mes rires et cris s’intensifiant sous la torture doigtée, et là prend place la scène rêvée. Pour la première fois, et trois ans après l’avoir rencontrée, elle allait m’étouffer de ses mains, me faire don d’un franc contact avec sa peau dans une zone intime et jalousement gardée par chacun : le visage.



Elle recouvre ma bouche de la paume de sa main, et bloque mes narines entre son pouce et son index. Alors que toutes les personnes présentes à cette soirée pouvaient jusqu’alors m’entendre m’esclaffer, plus aucun son, plus aucun râle, ne sortait de moi. Pas même un soufflement de nez. Maîtresse Blanche possédait tous mes orifices bucco-nasaux.


Le sentiment d’impuissance, d’humiliation, de dépendance alors éprouvé était gigantesque, et mon esprit peine à s’en remettre depuis. Je cherchais à relâcher des sons, à respirer, et mes tentatives restaient vaines. Elle me contrôlait entièrement, jusqu’à ma fonction vitale. Quelques secondes passent, et elle relâche la pression sur mes narines, avant de refermer sa main de plus belle sur moi après m’avoir laissé une demi-seconde de répit. Sentir sa main si précieuse et ressentir les vibrations de sa peau sur mon propre visage a été une expérience exceptionnelle, et si longtemps rêvée.


Je me considère un amoureux de cette pratique dite du handsmothering, où la main recouvre bouche et nez ; mais aussi du handgagging, variante plus confortable, plus posée, venant laisser le nez libre pour ne se focaliser que la privation de la parole. J’y ai toujours vu une combinaison parfaite entre d’une part, une emprise mentale, et d’autre part, une domination physique. Je te possède et tu ne vas rien pouvoir y faire. Ici, point de bâillon, mais directement la main de la personne dominante. C’est intime, chaud.


Par ailleurs, je fantasme également beaucoup sur l’étouffement de manière générale, et même sur le fait de jouer avec les limites de mon corps. Je me souviens d’ailleurs, quelques semaines après l’avoir rencontrée, m’être renseigné auprès de Maîtresse Blanche en tant que client, lui demandant si elle pratiquait le waterboarding - pratique de (vraie) torture basée sur la sensation de noyade. Réponse positive de sa part, mais la prise d’information n’était pas allée plus loin que cela ; j’avais déjà été trop irresponsable financièrement sur le moment et devais absolument me discipliner. Je constate que, dès la première rencontre avec elle, je ne m'étais pas trompé sur ce qu'elle m'inspirait. Ce n'est pas avec tout le monde que je ressens cette envie d'extrême, de profondeur, qui suppose une vraie confiance.

 

Prisonnier de ses mains, elle m’a imposé un sentiment d’impuissance d’une intensité que je n’avais que rarement connu avec elle en l’absence de bondage. Sa main si ferme, ses yeux satisfaits. Quel plaisir était-ce alors d’essayer de me débattre, de tenter combattre ma maîtresse et vouloir gagner, laisser échapper des sons de ma bouche malgré ses précautions manuelles. Ce plaisir n’en était que décuplé par mon échec cuisant : je n’y parvenais pas malgré tous mes efforts – j’étais battu, assujetti. J’étais sa proie réduite au silence.


Dans le creux de sa main, elle s’approprie la moitié de mon visage, elle contrôle mes fonctions vitales, et je me sens sien, plus que jamais sien. Je n’existe plus vraiment, je deviens une extension de sa volonté, une chose qu’elle fait vivre, qu’elle trimballe, une pauvre âme recueillie. Une entité blessée dont elle accepte la responsabilité.


Confiné dans les mains de Maîtresse Blanche, c’est en plein manque d’oxygène, quand mes fonctions vitales sont à la peine, que mon âme fatiguée m’envoie des signaux me disant que la vie – pire que cela, ma vie, mérite bien d’être vécue, tout compte fait. Je me sentais bien, parce que sien, et ne voulais pas que sa main me quitte. Je ne voulais pas que son contrôle m’abandonne à ma douloureuse autonomie. Je n’étais plus grand-chose, humilié, méprisé, contrôlé – en un mot : heureux.


S’il vous plaît, de ses mains qu’elle me fasse taire à jamais ; je ne m’aime jamais autant que lorsqu’elle entreprend me réduire à néant.



• Orgasme ruiné, mon premier

La fois mémorable, au mois d’août, où Maîtresse Blanche avait de nouveau fait de moi son bébé tout perturbé s’est terminée par une première dans ma vie sexuelle : l’orgasme dit ruiné.

Après en avoir eu assez de jouer avec moi, elle me tend un vibromasseur – le célèbre Magic Wand. Elle m’indique que, ayant été sage, j’ai le droit à une bien belle récompense : me faire jouir moi-même à l’aide cet accessoire, plongé dans ma couche.


Se pose alors un problème de taille : moi-même ! Je ne suis pas très doué quand il s’agit même de mon propre sexe, et surtout, le stress dans ce contexte précis tend à me faire paniquer et rentre complètement dans ma tête. Cercle vicieux : il me faut parfois un peu de temps pour me laisser complètement aller à l’émotion sans réfléchir, et les premiers signes d’impatience de la personne en face de moi ne font que me faire réfléchir encore plus. Avec tout cela, j’ai beau essayé de placer le vibro là où je peux, tester plusieurs angles, rien n’y fait et, pire encore, mon excitation physique commence à s’enterrer sous l’insupportable charge de mes pensées négatives. Plus précisément, ne pas arriver à donner ce que Maîtresse Blanche attendait de moi et qui était pourtant une véritable faveur à mon égard à la base ! Je me sentais nul – un ressenti que je sais exagéré mais qui était pourtant bien présent.


Heureusement, Maîtresse Blanche est intervenue pour me sauver de moi-même. Elle se saisit du Magic Wand, ouvre ma couche, et trouve immédiatement le bon endroit où le placer – je comprends alors très vite en quoi un tel outil est attrayant. Mon sexe revient instantanément à la vie et je prends énormément de plaisir ! Comme pour beaucoup d’hommes, les stimulations et autres caresses placées sur mon moi le plus sensible peuvent me faire aller loin, très loin. Que Maîtresse Blanche soit chef d’orchestre de mon endroit le plus précieux et se l’approprie reste encore, trois mois plus tard, un vif souvenir pour moi.


Vu mon niveau en la matière ce n’était pas une surprise : elle s’y prenait tellement mieux que moi. Je suis même convaincu qu’elle saurait mieux que moi-même comment jouer efficacement avec mon bâton magique ; j’ai gardé une certaine innocence.


Je continue à me relâcher de plus en plus, et le crescendo de mes gémissements en témoigne. Mais faut-il croire que même là je n’étais pas assez rapide, et elle me met la pression pour que je parvienne à trouver la terre promise, je panique de plus en plus, pas le type de panique que j’apprécie, et m’imagine déjà échouer – des pensées intrusives qui n’aident sans doute pas.


Mais les sensations continuent de se faire de plus en plus vives, et j’aperçois la frontière du pays d’à côté ! Alors même que je m’apprêtais à présenter mon passeport aux douaniers afin de valider de mon entrée, Maîtresse Blanche s’était déjà impatientée et retire le Magic Wand d’un geste soudain. A peine ai-je le temps de ressentir un sentiment de mauvaise honte et de dévalorisation du fait de l'échec, que le tout est immédiatement chassé par une montée de frustration physique et de perte de contrôle.


Ses réjouissances montraient qu’elle l’avait compris à mes réactions une ou deux secondes avant le moment fatidique : j’ai éjaculé comme une énergique petite fontaine sans ne ressentir aucun plaisir dans le franchissement de la frontière, et Maîtresse Blanche célèbre avec un sourire jusqu’aux oreilles en tapant dans ses mains ! Je suis alors extrêmement frustré de ne pas avoir ressenti ce que je ne pouvais qu’imaginer, mais le soulagement d’avoir finalement répondu à ses attentes était plus fort que tout. Contrairement à la dernière fois en sa compagnie, pas d’éclats de rires de mon côté (je n'oublie rien de ce moment - l'une de mes plus belles jouissances après une torture à l'électricité) ; mais une décompression physique et mentale qui me fait tout de même un peu perdre mes moyens, je me laisse aller sur le sol avec un visage que j’imagine décompensé, devant la chef d’orchestre se moquant gentiment de moi. J’étais content et fier de l’avoir amusée, certes malgré moi.


Je connais donc depuis ce jour l’expérience de l’orgasme ruiné, et comprends clairement en quoi cela est si frustrant. Je ne pensais pas qu’il était possible d’éjaculer comme cela sans ne rien ressentir ! En présence de la dominante, cela provoque en plus un fort sentiment d’infériorité – appréciable cette fois, de soumission et perte de contrôle. Une sensation de plus que j’ai découverte sous le joug de Maîtresse Blanche, un souvenir de plus que je lui dois. Un parmi une collection d’autres, certains étant même très odorants.



• Les odeurs de celle à qui je réponds

- Les effluves de ses pieds en nylon


Je mentirais si j’écrivais qu’être réduit au silence des mains de Maîtresse Blanche était la seule envie brûlante récemment vécue que je gardais en moi jusqu'alors. J’ai en effet connu le privilège de renifler à plein poumons ses pieds plutôt odorants vêtus de ses collants noirs, chaudement sortis de ses bottes.


Mon fétichisme des pieds est en très grande partie centré autour des odeurs, et de manière générale du doux sentiment d’humiliation ressenti lorsqu’ils sont en contact avec mon corps, mon visage tout particulièrement. Je ressentirais cette humiliation, ce profond sentiment d’infériorité, même si des pieds propres devaient passer sur mon visage – en cela que ce n’est de toute façon pas leur usage normal. C’était d’ailleurs bien ce qui m’était arrivé plusieurs mois plus tôt avec elle, où elle caressait ma peau de ses pieds alors que je la devinais sortie d’une douche. Il n’y avait pas d’odeur particulière, mais je me sentais tout à la fois bercé, humilié, et absolument ravi d’accéder de si près à cette part de son intimité. Je lui avais d’ailleurs confié quelques heures après dans un écrit : cet instant avait constitué pour moi un moment d’une tendresse rare. Je dois confier ne pas avoir beaucoup eu accès à la tendresse, et chaque instant de ce type dans ma vie d’adulte m’émeut fortement. Ils restent rares. Nous étions alors le 15 juillet, jour où elle m’avait annoncé me prendre comme soumis à l’essai.


Mais, quand odeur il y a, les sensations changent encore de registre – la tendresse s’éloigne, et le sentiment d’être contrôlé s’intensifie. A l’automne cette fois-ci, un midi après avoir déjeuné, Maîtresse Blanche s’allonge et m’indique de venir lui masser les pieds. Je lui retire alors une première botte, et la vois agiter son pied en nylon noir juste devant mon visage, sans doute devait-elle le savoir chaud et odorant – il l’était. A cet instant, je ne crois pas qu’elle savait à quel point je suis attiré par les fortes odeurs corporelles, je ne lui ai confié qu’après. J’ai un rapport ambivalent dans le fait de lui confier toutes mes attirances : j’aime cela dans le sens où cela lui donne plus de pouvoir sur moi en tant que soumis et me donne le sentiment de lui appartenir toujours plus, et en même temps elle me rend très timide, étant sensible à son jugement, donc je reste en retrait là-dessus, certes un peu malgré moi. Dans le même esprit, remplir un questionnaire BDSM pointu en amont d’une rencontre a toujours été pour moi un plaisir certain couplé à un sentiment de perte de contrôle important – je me sens complètement exposé, mis à nu, et je peine parfois à assumer ! J'écris pourtant en pleine transparence sur mes envies à travers mes articles.


Face à son pied, réservé, et soucieux de mon respect envers elle, je n’ose alors pas moi-même jeter mes narines entre ses orteils, je veille même à ne pas faire de bruit en respirant simplement, alors même que je ne cherche pourtant pas à la sentir, de peur qu’elle en prenne ombrage. Mais je me délecte de son air détaché et supérieur alors qu’elle continue d’agiter son pied déchaussé à quelques centimètres de moi. Très fébrile, je retire ensuite la seconde botte. C’est alors qu’elle approche ses deux pieds de part et d’autre de mon visage et les presse contre mes narines, me narguant de quelques mots sur l’odeur. Là, je ne parviens plus à me contenir, et renifle, il faut le dire, comme un bon petit animal de compagnie – et je vis donc un rêve éveillé. Mes inspirations se font largement entendre, et je crois même que je laisse échapper quelques gémissements sous l’excitation. Je ne me cache plus devant elle : je suis possédé par ses odeurs de pieds.


J’aurais grande peine à décrire ce qui me plaît exactement en cela. C’est à la fois très humiliant, et un vrai plaisir olfactif presque animal qui me monte directement au cerveau. Sans doute comprend-elle à quel point l'odeur de ses collants me touche, et Maîtresse Blanche m’offre ce cadeau de faire un peu durer mon plaisir. Elle caresse mon visage de ses pieds chauds et légèrement humides, agite ses orteils juste sous, et sur, le bout de mon nez – un geste particulièrement humiliant, à mi-chemin entre l’inconfort d’un tiers de chatouille ne disant pas son nom, et le fait d’être ainsi nargué avec mon propre fétichisme plutôt pervers. Mon excitation, que je peinais alors énormément à contenir - mais il était hors de question pour moi de me toucher sans son accord, était décuplée par le fait que dans ses mots, ses attitudes, elle prenait une position de contrainte, comme forcé d’ainsi subir ses effluves, que je le veuille ou non. Ce midi-là, elle ignorait qu’elle venait de réaliser un fantasme qui existait chez moi depuis le soir où je l’ai rencontrée. Je suis fou des odeurs fortes chez le sexe féminin, et en particulier celle des pieds. Que dire alors lorsque ce ne sont pas les odeurs d’une femme, mais de celle à qui j’appartiens.


La scène dure, et je me sens alors bien ridicule de me retrouver si faible, totalement épris d’un élément dont elle s’amuse pourtant négligemment. Mais je ne peux rien y faire : c’est le cas ! Elle me rendait fou, et bien bête. Je prends un plaisir immense à renifler cette odeur qui pique. Elle se joue de moi jusqu’au bout, et s’amuse même à couper ma respiration du bout de ses pieds, compressant mes narines et recouvrant ma bouche de sa plante – un plaisir hautement similaire à celui amené par ses mains. Elle me disait avoir beaucoup marché dans la matinée, et je la crois, l’odeur était plutôt forte, pour mon plus grand bonheur.


D’après ce que je crois observer, le moteur de l’humiliation pour le fétichisme des pieds n’est pas si répandu, mais c’est pourtant bien le cas chez moi. Évidemment, je possède ce rapport très ambivalent à l’humiliation, qui m’excite beaucoup. En parallèle de cela, je trouve aussi un plaisir intellectuel certain dans le fait d’accéder à une partie souvent cachée, couverte, et forte en symbolique quant à la soumission. Presque un privilège, une fin en soi.


Maîtresse Blanche l’ignore, mais elle aura continué à me narguer pour tout le reste de la journée. Jusqu’au soir, au détour de certaines inspirations – pas toutes, l’odeur de ses pieds revenait me taquiner le cerveau, et très régulièrement, je me retrouvais alors en érection bien malgré moi, alors même que je m’étais déjà fait plaisir avec ce beau souvenir. Quelle étrange sensation que de se sentir ainsi dominé chez soi, en son absence, sans même qu’elle le sache, par ses odeurs qui continuaient de me harceler et avaient élu domicile en mes narines. Elle a contrôlé mon esprit des heures durant après cet épisode. Je me sentais si faible, si possédé.



- La tendresse, et ses pieds sur mon visage


Quelques jours plus tard, au cours de la même soirée BDSM où elle a fait siens mes tétons, je me suis carrément retrouvé allongé sur le dos, mon visage servant de repose-pieds à ses collants de couleur chair. Un fantasme de plus. Elle avait enfilé cette paire spécialement pour cette soirée, donc il n’y avait pas une odeur comparable à celle de la précédente fois. Mais, pour les raisons déjà évoquées, le seul contact de ses pieds parcourant doucement mon visage m’a fait grimper très haut, très vite. Elle sait si bien y faire avec moi, je me sentais pris jusqu’au plus profond de moi par le moindre de ses mouvements, comme si j’étais fait pour être touché par elle.


Ses doux pieds de nylon caressent mon visage, passent et repassent inlassablement sur moi - un bonheur difficilement nommable. Elle finit même par me relever légèrement en plaçant un pied derrière ma nuque, avant d'appliquer une pression opposée par son autre pied sur ma frimousse d'adulte. Je me sens gaufre dans un gaufrier ; je me sens bien.


Par ailleurs, je pense avoir pris un plaisir immense dans le fait de savoir qu’elle avait bien conscience de me ravir en m’offrant cela, et qu’elle continuait malgré tout. Un moment d'une très grande tendresse pour moi. Sous ses pieds, pourtant humilié et contrôlé, je me suis senti aimé et écouté.


Je crois me souvenir lui avoir offert un visage complètement ouvert, des pupilles dilatées, un sourire béat, parce qu’elle s’était amusée de mon état après s’être ainsi occupée de moi. Je planais, j’étais aux anges. Il faut dire, ce n’étaient pas des pieds, mais bien ses pieds.


Le pouvoir que j’ai accepté lui donner sur moi fait qu’il suffirait de deux phrases seulement à Maîtresse Blanche pour me briser, et je pense qu’elle le sait. Mais elle n’en fait rien. Elle ne fait que se jouer de moi, avec moi, et me souhaiter ce qu’il y a de mieux. C’est notamment en cela que je vois tant de beauté en elle.



Mise à nue : pensées enivrées, pensées perdues

Je pense souvent à elle, à ces moments vécus sous son influence. Je me remémore parfois cet instant où, assise sur un haut tabouret, je me trouvais sous elle, à câliner ses longues bottes de cuir. Quel réconfort. Je frottais délicatement ma joue contre ses jambes bottées, me blottissais contre elles. Dans un contexte D/s et en position soumise, j’étais ici dans l’étreinte d’une personne dont la seule présence me rassure et m’apaise, dont le sadisme me flatte et me comble, dont l’attention me cajole. Je cherchais à rendre mon appétence pour le câlin la plus discrète possible, ne sachant pas exactement ce qu’elle en pense. J'ai moi-même un rapport encore ambivalent et complexé à l'égard de toute forme de tendresse, de douceur - jamais connue et toujours analysée en moi comme un gros mot, comme une étrangeté à laquelle je n'aurais pas le droit, que je ne mériterais pas. Ma prise de conscience à ce sujet est récente.


Mais je crois qu’elle avait de toute façon remarqué cette appétence chez moi pour toute forme de câlin – j’ai l’impression de ne pas pouvoir lui cacher grand-chose à mon sujet. Je n’ai pas souvenir d’une femme à qui je me suis soumis me comprenant si bien qu’elle.


Tout aussi réconfortant, mais cette fois-ci ô combien humiliant, ses mains qu’elle laisse traîner sur mon visage, sur l’une ou l’autre de mes joues – pire encore, sous mon menton. De légères caresses, de petites tapes, que je vis comme un moyen non verbal de me dire que je ne suis rien, mais que je suis sien. J’ignore si c’est son intention, mais c’est en permanence le message que je reçois, instinctivement. Une manière de me faire savoir qu’elle est là, et qu’elle peut faire ce qu’elle veut de mon esprit, de moi, qu’elle le sait, que je le sais, et que c’est au-delà de mon contrôle. Je ressens les conséquences de ses humiliants petits gestes sans même avoir à les intellectualiser. Toujours, au contact de sa main sur mon visage, mon souffle se coupe, mon pouls s’accélère, et mes yeux cherchent le sol – loin de son regard qui ne serait que d’autant plus humiliant dans un tel moment, qui agirait alors comme un miroir. Je me sens pris, pris de partout, je me sens à elle.


Humiliation et réconfort ; Maîtresse Blanche agît sur moi d’une telle manière que je parviens de moins en moins à distinguer les deux, et c’est un sentiment enivrant, parfois même impressionnant. Je me sens si fragile à son contact, si exposé, si tout, si rien.

 

Systématiquement, je peine à redescendre après avoir passé un instant avec elle, alors loin de la crainte et de la déférence qu’elle m’inspire, seul avec mon âme et ses morceaux fraîchement recollés.


Je m’imagine parfois son tendre momifié – alors- libéré de moi-même, que je ne puisse plus redescendre ; rester tout là-haut, à ressentir éternellement, banni ad vitam aeternam des sphères de la réflexion, de ma réflexion, de ma culpabilité. Que je ne puisse plus m’abandonner. Demeurer sien, coincé, confiné, étouffé, laissé comme sans volonté, pourtant jalousement gardé. Elle me dirait que c’est trop tard pour moi, jamais je ne partirai, que le doute de l’horizon est maintenant à oublier ; que le réconfort de ma propre fin ne m’appartient plus. Que tout passerait par elle désormais, même mes pensées torturées.


Elle aurait le pouvoir du pire sur moi et n’en ferait que du bien. Si Pourquoi le masochisme, Maîtresse Blanche en serait l’une des réponses – l’une des plus majestueuses.

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